
Près de 5000 adultes et jeunes seront baptisés en ce week-end de Pâques, un chiffre en hausse depuis dix ans qui consacre un renouveau du catéchuménat. Photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Même si leur poids reste faible dans la masse des baptisés, le phénomène des adultes accédant au baptême, à la confirmation et à l'eucharistie - les catéchumènes - est donc l'un des rares signes de résilience de l'Eglise de France. Leur nombre est en hausse régulière : 3790 recevront ces sacrements ce week-end - auxquels il faut ajouter 1011 collégiens et lycéens -, contre 2409 en 2005, soit une augmentation de plus de 50%.
"Il y a des phénomènes déclencheurs"
Comment expliquer cette foi sur le tard ? Le père Philippe Marxer, chargé du catéchuménat à la Conférence des évêques de France, évoque "des raisons très diverses, qui appartiennent à chaque personne". "Il y a des phénomènes déclencheurs, comme une demande pour être parrain ou marraine, des événements dans la vie qui peuvent jouer, tels la naissance d'un enfant, le décès d'un parent", explique-t-il. Le prêtre note aussi "des petites différences" dans le temps sur les motivations. "Il y a cinquante ans, les candidats au baptême demandaient à avoir un lien d'intimité avec Dieu et à oeuvrer dans le monde. Aujourd'hui l'envie d'agir sur un plan politique et social n'a pas disparu, mais ce qui est premier, c'est le désir de donner du sens à sa vie."
Plus de quatre catéchumènes sur dix ont grandi dans une famille sans culture religieuse particulière. Les professions intellectuelles sont moins représentées que les ouvriers, techniciens et employés, qui représentent près d'un candidat sur deux. Le phénomène est très largement urbain, et concerne en majorité des jeunes adultes de 25-35 ans.
Le besoin d'une "communauté"
Laure Curutchet, 28 ans, cadre commerciale dans l'industrie pharmaceutique, en fait partie. Samedi soir, elle a été baptisée à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), lors de la vigile pascale, cette grande messe de la veille de Pâques qui accueille la plupart des baptêmes d'adultes partout en France. Elle s'intéressait à la Bible, avait une amie d'enfance très croyante. Et, il y a trois ans, des cours d'alphabétisation donnés à des immigrés ayant la foi ont été "une révélation". "J'étais face à des gens qui n'avaient rien et qui m'apportaient tout", témoigne-t-elle. Puis elle a suivi la voie du catéchuménat, préparation longue dans l'Eglise catholique, où elle dure de 18 mois à trois ans. "Je suis complètement en adéquation avec ça : je ne voulais pas être dans la précipitation", confie-t-elle. En se réjouissant d'avoir pris le temps de cheminer dans l'Eglise avant d'y être définitivement admise : "Mon père disait 'on peut croire sans aller à la messe', mais pour moi, on a tous besoin d'une communauté, encore plus de nos jours."
Dessinateur technique dans une menuiserie de l'Essonne, Tony Zénéré, 24 ans, a quant à lui un frère converti à l'islam, une soeur au catholicisme. C'est cette religion que lui-même a décidé d'embrasser, à la lecture des Evangiles. "Quand je les ai lus, j'ai voulu être disciple", dit-il. Et il épousera dans un mois une catholique baptisée et confirmée qui, en cheminant avec lui, "s'est reconvertie". Samedi, il a été baptisé et confirmé à la cathédrale d'Evry. "Ce n'est pas juste un geste, c'est toute l'assemblée qui est réunie et prie pour nous, dans un moment fort", a-t-il fait valoir.
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